Chronique berckoise de début de siècle 4ème partie

 

 

La guerre éclate le 2 aout 1914. Berck va devenir une ville hospitalière militaire. Le dossier sur les travaux de lutte contre la mer est resté au point mort. L’accès aux plages de Berck a été interdit par les autorités militaires en 1915, avec les conséquences économiques désastreuses que cela pouvait représenter sur l’activité touristique et médicale civile. Le conseil municipal du 5 avril 1916 s’ouvre sur ces préoccupations, en souhaitant que l’administration militaire revienne sur sa décision pour la saison 1916.

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Monsieur le maire lit ensuite un rapport « très catégorique » du sous ingénieur d’Etaples qui appelle l’attention de l’Assistance Publique et de la ville de Berck sur des dangers d’empiètement de la mer en baie d’Authie.
 
Séance du conseil municipal du 4 avril 1916
 
 
 
PROGRES DE LA MER EN BAIE d’AUTHIE
            M. le Maire lit un rapport très catégorique de M. le Sous Ingénieur Défossé d’Etaples et un avis de l’Ingénieur de Boulogne s/mer qui appelle l’attention de l’administration de l’Assistance publique et de la ville de Berck sur les dangers d’empiètement de la mer dans la baie d’Authie.
           Ce rapport intéressant sera, dit-il, transmit in extenso, à la suite de la présente délibération. De façon que les générations futures puissent se rendre dompte des fluctuations de la mer.
            Il prie le conseil de ne pas perdre de vue cette importante question
                                                           Le Conseil,
            Après avoir entendu l’exposé de Mr le Maire, la lecture du rapport de Mr le Sous Ingénieur principal et l’avis de M. l’Ingénieur de l’Arrondissement maritime de Boulogne s/mer, sur la situation inquiétante de la côte (Rive droite de l’Authie) principalement aux abords du Phare et de l’Hôpital Maritime,
*          Demande à l’Administration compétente qu’elle veuille bien faire procéder d’urgence à une nouvelle étude de travaux à exécuter pour la protection du pays, dont la sécurité est menacée.
 
 
                        Rapport sur la situation actuelle
            A l’embouchure de d’Authie et à la pointe du Haut Banc
 
                        Au cours de l’année 1915, la situation aux abords de la pointe du Haut Banc et de la plage au sud de l’hôpital de l’assistance publique s’est considérablement aggravée et avant de l’exposer, nous jugeons utile de rappeler les causes de la précarité de cette partie de côte, constatée par la commission réunie en 1887 sous la présidence de M. Bouquet de la Geye ? et nommée par M. le Préfet de la Seine.
            Cette commission l’attribue aux deux ordres de faits principaux suivants :
            1° le courant littoral du flot, très violent dans la Manche en vive eau, court du Sud au Nord et charrie des masses considérables de sable provenant de la destruction des falaises crayeuses de la Normandie.
            Ces sables s’introduisent dans les estuaires par la rive sud et s’y arrêtent. Les cours d’eau, repoussés du côté opposé à celui d’où viennent les atterrissements, se trouvent serrés contre la rive droite et la corrodent.
            Les pointes sud des estuaires s’engraissent donc, tandis que les pointes nord se trouvent détruites et reculent.
            (N B il y a lieu d’observer que l’allongement des pointes sud est notablement accéléré par l’apport considérable de sables entraînés sur le haut estran, à basse mer et durant les tempêtes par les vents du Sud Ouest)
            2° Le rapprochement des thalwegs vers les rives droites des estuaires détermine l’affouillement des estrans, en sorte qu’à haute mer, on trouve à proximité du rivage, une assez grande profondeur d’eau. Les lames en tempête sont par suite très fortes et emportent facilement les dunes riveraines contre lesquelles elles viennent battre.
            La même commission a constaté de plus en s’appuyant sur des documents certains, que de 1835 à 1878, la pointe du Haut Banc est ses abords avaient reculé en moyenne de 4m50 par an.
            L’allongement de la pointe Sud de la Baie d’Authie, dénommée, pointe de Routhiauville, étant la cause initiale de la corrosion de la pointe du Haut Banc, on a cherché à l’arrêter par le prolongement sur 1500 de longueur vers le large, exécuté de 1879 à 1884, d’une digue submersible, qui primitivement avait été établie pour la défense de la Rive droite de l’estuaire au droit de Groffliers.
            Les résultats escomptés ont été satisfaisants jusqu’au début de l’année 1915, c'est-à-dire durant plus de trente années et au cours de cette longue période, le thalweg de la partie de l’Authie non endiguée ne s’est déplacée qu’entre les positions extrêmes qu’il occupait en 1905 et 1913, positions indiquées sur le plan général ci-joint de la baie d’Authie.
            On était en droit, dans ces conditions de considérer le régime de cette baie définitivement établi, quoique le relief du  banc de sable prolongeant la pointe de Routhiauville s’accentuait rapidement.
            L’allongement de ce banc vers le Nord était en effet couramment enrayé par le courant de l’Authie, qui, pendant quatre heures en moyenne à chaque basse mer, venait s’écouler entre la pointe septentrionale et la saillie résistante constituée par la digue submersible.
            Dans un  délai relativement court, aux mois d’avril et mai derniers, la situation s’est radicalement modifiée. Malgré une longue suite de vents de la région Nord Est et alors que la digue était en excellent état d’entretien, le Thalweg s’est graduellement comblé de sable dans la partie correspondant aux 150 derniers mètres de l’extrémité aval de la digue ; rapidement la pointe du banc s’est avancée de 190 mètres vers le nord, barrant ainsi complètement le lit endigué de la rivière. Au mois de juillet suivant, la digue elle-même était recouverte de sable sur une longueur de 180 m.
 
fin de la 1ère partie du rapport
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à suivre....